Rejet de l’appel du meurtrier de masse norvégien

La Cour européenne des droits de l’homme rejette l’appel du meurtrier de masse norvégien

La Cour européenne des droits de l’homme a rejeté jeudi un appel interjeté par l’assassin de masse norvégien Fjotolf Hansen, anciennement Anders Behring Breivik.

Hansen a été reconnu coupable d’avoir tué 77 personnes et blessé 42 autres dans un camp de jeunesse politique et a été condamné à 21 ans de détention préventive.

Dans son recours, il a contesté les conditions de sa détention, affirmant que ses droits au titre des articles 3 et 8 de la Convention européenne des droits de l’homme avaient été violés. En particulier, il a affirmé que son isolement des autres prisonniers constituait une violation de ses droits.

En fin de compte, le tribunal a conclu que son appel était « manifestement mal fondé et doit être rejeté conformément à l’article 35 § 3 (a) et 4 de la Convention ».

 

Contexte de l’attentat et du procès

L’attentat perpétré par Fjotolf Hansen (anciennement Anders Behring Breivik) le 22 juillet 2011 reste l’un des actes terroristes les plus meurtriers de l’histoire moderne de la Norvège. Hansen a d’abord fait exploser une bombe dans le quartier gouvernemental d’Oslo, tuant 8 personnes, avant de se rendre sur l’île d’Utøya où se tenait un camp d’été de la Ligue des jeunes travaillistes. Là, déguisé en policier, il a ouvert le feu sur les participants, faisant 69 victimes supplémentaires, pour la plupart des adolescents.

Le procès de Hansen s’est tenu en 2012 et a duré 10 semaines. Durant les audiences, l’accusé a reconnu les faits mais a plaidé la légitime défense, affirmant agir contre ce qu’il percevait comme une islamisation de la société norvégienne. Les experts psychiatriques se sont divisés sur sa santé mentale, certains le déclarant schizophrène paranoïaque, d’autres le jugeant sain d’esprit. Finalement, le tribunal l’a reconnu pénalement responsable et l’a condamné à la peine maximale prévue par la loi norvégienne : 21 ans de détention préventive, une peine qui peut être prolongée indéfiniment si le détenu est toujours considéré comme dangereux.

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Conditions de détention et précédentes plaintes

Depuis sa condamnation, Hansen est détenu à l’établissement pénitentiaire de Skien, au sud d’Oslo. Il dispose d’un quartier de trois cellules : une pour dormir, une pour étudier et une pour faire de l’exercice. Bien qu’isolé des autres détenus pour des raisons de sécurité, il a accès à des livres, des journaux, une télévision et un ordinateur sans connexion internet. Il peut également recevoir des visites, sous surveillance stricte.

Malgré ces conditions que les autorités norvégiennes considèrent comme humaines, Hansen a déposé plusieurs plaintes concernant son traitement en prison. En 2016, il a intenté un procès à l’État norvégien, affirmant que son isolement constituait un traitement inhumain. Un tribunal de première instance lui a donné partiellement raison, mais ce jugement a été annulé en appel. En 2017, Hansen a changé légalement son nom pour Fjotolf Hansen, déclarant que son ancien nom était devenu un fardeau.

Implications de la décision de la Cour européenne

La décision de la Cour européenne des droits de l’homme de rejeter l’appel de Hansen marque un tournant important dans cette affaire. Elle valide les pratiques pénitentiaires norvégiennes et confirme que les conditions de détention de Hansen, bien que strictes, ne violent pas les normes européennes en matière de droits humains. Cette décision pourrait avoir des implications pour d’autres cas similaires en Europe, où la question de l’équilibre entre la sécurité publique et les droits des détenus dangereux est souvent débattue.

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Pour les victimes et leurs familles, cette décision apporte un certain soulagement. Lisbeth Kristine Røyneland, qui dirige un groupe de soutien aux familles des victimes, a déclaré que ce rejet était « un soulagement pour de nombreuses personnes ». Elle a ajouté que les plaintes répétées de Hansen constituaient une « charge supplémentaire » pour ceux qui ont été affectés par ses actes.

Réactions en Norvège et débat sur la réinsertion

En Norvège, la décision a été largement saluée par les responsables politiques et judiciaires. Le ministre de la Justice, Emilie Enger Mehl, a déclaré que cette décision confirmait que le système pénitentiaire norvégien respectait les droits humains tout en assurant la sécurité de la société. Néanmoins, le cas de Hansen continue de soulever des questions sur la capacité du système à gérer des détenus extrêmement dangereux sur le long terme.

Le modèle pénitentiaire norvégien, reconnu internationalement pour son approche humaine et axée sur la réhabilitation, se trouve mis à l’épreuve avec des cas comme celui de Hansen. Alors que la plupart des détenus bénéficient de programmes de réinsertion progressifs, la question de savoir comment traiter ceux qui sont considérés comme présentant un risque permanent pour la société reste ouverte. Certains experts, comme le criminologue Thomas Mathiesen, ont souligné la nécessité de développer des approches spécifiques pour ces cas exceptionnels, tout en préservant les principes fondamentaux du système.