YouTube doit payer des milliards aux stars de la musique

YouTube doit payer des milliards aux stars de la musique après le vote sur les droits d’auteur.
Les plates-formes pourraient devoir demander des licences pour les vidéos après l’action du Parlement européen.

Les stars de YouTube, de Taylor Swift à Ed Sheeran, Beyonce et Jay-Z pourraient gagner de gros gains après que le géant de la vidéo ait perdu un vote crucial à Bruxelles sur les nouvelles lois sur le droit d’auteur qui l’obligeront à payer des milliards de dollars en frais pour les utilisateurs qui regardent des vidéos musicales.

Absence de protection juridique

Depuis des années, l’industrie de la musique soutient que YouTube exploite l’absence de protection juridique concernant les vidéos musicales visionnées sur son service pour payer des montants minimes aux artistes et aux labels lorsqu’ils sont visionnés. L’industrie de la musique a fait pression pour que l’écart de valeur entre la valeur réelle des vidéos musicales et ce que YouTube décide de payer doit être comblé par une législation.

Mercredi, un vote crucial de la commission des affaires juridiques du Parlement européen a suivi la voie de l’industrie de la musique avec un accord visant à adopter des lois sur le droit d’auteur qui obligeront les plateformes telles que YouTube à demander des licences pour les vidéos musicales.

« On ne saurait trop insister sur l’importance du vote d’aujourd’hui ; cette proposition est une occasion unique de créer un nouvel équilibre dans le monde en ligne », a déclaré Helen Smith, présidente exécutive de l’organisme musical européen Impala, qui représente les labels derrière des groupes tels que Adele, Arctic Monkeys et Franz Ferdinand. « Il s’agit de droits d’auteur et de s’assurer que les créateurs et leurs partenaires obtiennent une part équitable de la valeur qu’ils créent. »

YouTube versus Spotify

YouTube compte environ 1,3 milliard d’utilisateurs qui regardent régulièrement des vidéoclips et a versé l’an dernier 856 millions de dollars US en redevances aux sociétés de musique, soit environ 67 cents par utilisateur chaque année. Au Royaume-Uni, les maisons de disques et les artistes gagnent plus du double des redevances provenant de la vente de 4,1 millions de disques vinyle par rapport aux 25 milliards de vidéoclips visionnés sur YouTube l’an dernier.

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En revanche, les revenus des 272 millions de fans de musique qui ont payé pour des services supportés par la publicité, comme Spotify, ont généré 5,6 milliards de dollars en redevances, soit environ 20 dollars par utilisateur chaque année.

Bien que le vote du comité des affaires juridiques marque un moment marquant – c’est le comité responsable de la législation qui fait l’objet d’un lobbying véhément de la part des entreprises de technologie et de l’industrie de la musique depuis 18 mois – il sera confronté à un autre défi avant de devenir loi. Le comité a voté par 15 voix contre 10 pour adopter l’article 13 controversé.

On s’attend à ce qu’une contestation soit déposée par les membres du Parlement européen qui s’y opposent, ce qui conduira l’ensemble du Parlement à voter en juillet pour décider d’approuver ou de rejeter le résultat de mercredi. Un vote final sur l’adoption de l’ensemble de la législation sera effectué plus tard dans l’année.

 

Réactions de l’industrie technologique

La décision du comité a suscité de vives réactions de la part de l’industrie technologique. Google, propriétaire de YouTube, a exprimé sa déception face à ce vote, arguant que cette législation pourrait avoir des conséquences négatives sur la créativité en ligne et l’innovation. L’entreprise a déclaré qu’elle continuerait à travailler avec les législateurs pour trouver une solution équilibrée qui protège à la fois les droits des créateurs et la liberté d’expression des utilisateurs.

D’autres géants de la technologie, comme Facebook et Twitter, ont également exprimé leurs inquiétudes quant à l’impact potentiel de cette législation sur leurs plateformes. Ils craignent que les nouvelles règles ne les obligent à mettre en place des systèmes de filtrage coûteux et potentiellement inefficaces pour surveiller le contenu téléchargé par les utilisateurs.

Implications pour les créateurs de contenu

Les YouTubeurs et autres créateurs de contenu indépendants se trouvent dans une position délicate face à cette nouvelle législation. D’un côté, beaucoup espèrent que cela conduira à une rémunération plus équitable pour l’utilisation de musique dans leurs vidéos. De l’autre, certains s’inquiètent que des règles plus strictes en matière de droits d’auteur ne limitent leur capacité à produire du contenu et ne réduisent leurs revenus.

Des associations de créateurs ont appelé à un dialogue entre l’industrie de la musique, les plateformes technologiques et les créateurs indépendants pour trouver un équilibre qui protège les droits de tous les acteurs impliqués.

Impact potentiel sur le marché de la musique en streaming

Cette législation pourrait avoir des répercussions importantes sur le marché du streaming musical. Si YouTube est contraint de payer des redevances plus élevées, cela pourrait niveler le terrain de jeu avec des services comme Spotify et Apple Music. Ces derniers pourraient alors faire valoir qu’ils offrent une meilleure valeur aux artistes et aux labels, ce qui pourrait conduire à des négociations sur les taux de redevances dans l’ensemble de l’industrie.

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Certains analystes prédisent que cette évolution pourrait accélérer la consolidation du marché du streaming, les acteurs plus petits ou moins rentables ayant du mal à absorber l’augmentation des coûts liés aux licences musicales.

Défis de mise en œuvre

La mise en œuvre de cette nouvelle législation, si elle est finalement adoptée, posera des défis techniques et logistiques considérables. Les plateformes devront développer des systèmes sophistiqués pour identifier et gérer les droits d’auteur sur des millions de vidéos téléchargées chaque jour.

Des questions se posent également quant à la manière dont ces règles s’appliqueront aux contenus générés par les utilisateurs, tels que les reprises, les parodies et les mashups, qui constituent une part importante du contenu sur des plateformes comme YouTube. Les critiques craignent que des règles trop strictes ne stifient la créativité et ne limitent la liberté d’expression en ligne.

Perspectives internationales

Bien que cette législation soit spécifique à l’Union européenne, son impact pourrait se faire sentir bien au-delà de ses frontières. D’autres pays pourraient s’inspirer de cette approche pour réviser leurs propres lois sur le droit d’auteur à l’ère numérique.

Aux États-Unis, où le débat sur la réforme du droit d’auteur est en cours depuis des années, cette décision européenne pourrait raviver les discussions sur la nécessité d’une mise à jour du Digital Millennium Copyright Act. L’industrie musicale américaine surveille de près ces développements, espérant qu’ils pourraient influencer la politique nationale.

L’avenir de la monétisation du contenu en ligne

Cette législation pourrait marquer un tournant dans la manière dont le contenu en ligne est monétisé. Si les plateformes sont tenues responsables du contenu téléchargé par leurs utilisateurs, cela pourrait conduire à l’émergence de nouveaux modèles économiques pour la distribution et la consommation de contenu numérique.

Certains experts prédisent une augmentation des accords de licence directs entre les créateurs de contenu et les détenteurs de droits, contournant potentiellement les grandes plateformes. D’autres envisagent le développement de technologies de blockchain pour gérer les droits et les paiements de manière plus transparente et efficace.

Quelle que soit l’issue finale de cette législation, il est clair qu’elle aura des répercussions durables sur l’écosystème numérique et la façon dont nous consommons et créons du contenu en ligne dans les années à venir.